Errance...

Le silence... C'est ce souffle assourdissant et aigu qui retentit aux tympans d'Ilian lorsque sa silhouette sombre et fine se glissa au coeur des bras désarticulés de la forêt.
Un silence criard où même son souffle lent et ses pas réguliers se taisaient, dévorés par le vide.
Les yeux ébènes de la jeune femme arpentèrent le lieu où son errance l'avait portée, sans y déceler autre trace de vie que la végétation alentoure. Seuls quelques saules pleureurs affaiblis par le temps étaient postés près d'elle, chimères tristes et immobiles. Malgrés l'attrait mélancolique de ce paysage, elle continua sa route, sans direction ni but précis.
Au bout de quelques longues minutes de marche au milieu d'un sentier rongé par les herbes sauvages et poignardé par les racines, Ilian remarqua une faible lueur déchirant l'ombre omniprésente. Dès lors animée par un semblant de curiosité, l'hybride se dirigea vers la source de la lumière, et arriva à un endroit où la flore se faisait moins dense. Quelques rayons de lumière matinale filtraient à travers les feuilles, baignant ce lieu dans une atmosphère à la fois étrange et paisible. De longues fleurs couleurs de sang cachaient le gris poussièreux du sol. Les reflets vermeils de leurs corolles complexes accentuaient somptueusement l'éclat doux du soleil.
Ilian s'avança au coeur de cette bulle de lumière, attirée par cette scène irréelle, et se pencha pour contempler les fleurs inconnues à ses pieds. Quelques gouttes de lumière se glissèrent sur la peau de la jeune femme, reflétant sa blancheur sculpturale. Le rouge vif des pétales dessinait un magnifique contraste avec cet éclat; le tout était un tableau à la fois sublime et irréel...
Ilian promena longtemps son regard, appréciant chaque détail de cet endroit si paisible. Elle s'assit lentement au milieu des fleurs et savoura la tièdeur du soleil sur sa peau glaciale, et s'autorisa à se perdre dans ses pensées...
Soudain, un bruit l'extirpa de sa rêverie... Des pas... Ils étaient presque inaudibles au coeur du silence, mais l'ouïe fine de la jeune fille les avait perçus. Quelqu'un s'approchait, quelqu'un avait brisé le cri du silence...
Après quelques instants d'attente, les pas se firent plus bruyants plus proches, l'inconnu n'allait pas tarder à pénétrer au coeur du tableau...

Daï se promenait dans le Jardin des Arbres de Poussière, son faucon Pan voletant autour d'elle. Le jardin était calme, comme endormi. Elle aimait cette athmosphère calme, rassurante... Soudain, elle sentit une présence. Pan se posa sur l'épaule de sa maîtresse, partageant son avis. Qui était là ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle décida que ce soit l'inconnu qui se montre en premier ; Ainsi, elle continua donc de se balader sans montrer un seul signe du fait qu'elle avait remarqué qu'il n'y avait pas que elle et son faucon dans le jardin...

Les pas de l'inconnu tintaient au milieu du vide tels les aiguilles impassibles d'une horloge. Il ou elle fut bientôt assez proche pour qu'Ilian puisse entendre la mélodie de son coeur. Elle ferma les yeux et décripta ce son, elle tenta d'y déceler les émotions, comme dans un livre ouvert, sans se préoccuper des bruissements d'ailes qui parvenaient nettement jusqu'à elle.
*Il sait que je suis là... Mais il ne veut pas se montrer...*
La jeune femme hésita, il n'était sans doute pas prudent d'aller à la rencontre de cette personne, il n'y avait aucun moyen de prévoir ses réactions et ses intentions... C'est ce que sa conscience lui soufflait, mais le son de son propre coeur battant la chamade à l'idée de rencontrer enfin quelqu'un au milieu de ce désert végétal eu raison de sa prudence. Elle désirait ardemment briser sa solitude, ainsi que ce silence qui sifflait à ses oreilles.
Ilian jeta un dernier regard au refuge paisible qui l'entourait, puis se releva lentement et calmement, dissimulant à elle-même la certaine tension qu'elle ressentait.
Elle sortit de la lumière et se retrouva de nouveau au milieu des ombres fantômatiques et désarticulées de la forêt sombre.
L'inconnu était là, à quelques mètres, face à elle. Son image était encore floue et dévorée par l'ombre, mais l'on pouvait percevoir des traits et une allure féminine.
Ilian s'avança vers la silhouette, et s'arrêta à environ deux mètre d'elle, une fois qu'elle put distinguer clairement son visage. Elle planta son regard innexpressif dans celui de son interlocutrice, et inclina furtivement la tête, par politesse, attendant une réaction, quelle qu'elle fût.

(HS: Désolée du double post, mais je vois que personne ne poste depuis longtemps, alors j'essaie de relancer comme je peux...)

Le silence figé et lourd ne se brisa pas, le temps l'allongea intolérablement au coeur de l'obscurité, semblant tout immobiliser, même l'air pesant.
Désirant ardemment briser cet atroce silence, Ilian entrouvrit ses lèvres pâles, et esquissa un murmure grave, un son doux qui ne déchira pas le silence, mais qui sembla en être né:
- Bonsoir...